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Remorqueur franco-britannique : mise en garde de Dominique Dupilet

Publié le 18 novembre 2010
  • 1989 - Naufrage de l’Exxon Valdez : 3.4 milliards de dollars de dégâts. Coût écologique inchiffrable.
  • 1999 - Naufrage de l’Erika : plus de 200 millions d’euros de dégâts.
  • 2002 - Naufrage du Prestige : 1 milliard d’euros de dégâts.
  • 2012 - Un chimiquier battant pavillon panaméen se brise en deux devant le Cap-gris-Nez suite à une avarie de machines. Le commandant de bord n’a pas sollicité le remorqueur d’une société privée en raison du coût de celui-ci et avec l’espoir d’arriver néanmoins à bon port à Anvers. Les côtes françaises, belges et anglaises sont polluées sur plus de 150 kilomètres. Dégâts estimés de la catastrophe : 450 à 650 millions d’euros.

Ce scénario terrifiant n’est statistiquement pas une fiction. Seule la date du naufrage est inconnue !

Telle est la situation qui prévaut aujourd’hui avec la décision du gouvernement britannique de supprimer le financement alloué au remorqueur de haute-mer, affrété conjointement avec la France, pour la sécurité du détroit du Pas-de-Calais ; deuxième détroit au monde par sa fréquentation maritime : 200 millions de tonnes de matières dangereuses y transitent chaque année.

La décision du gouvernement britannique est incompréhensible, dangereuse et idéologique.

Elle est incompréhensible et dangereuse car le rapport entre l’économie réalisée (1.8 million d’euros) et le coût d’une catastrophe maritime est incommensurable. Nos amis britanniques ont pour proverbe Great oaks from little a corns grow. De ce côté-ci du détroit nous disons plus volontiers à petite cause, grands effets. Rappelons-nous la catastrophe que fut l’inondation de tout le delta du Rhône en décembre 2003 ! Tout est venu d’économies de bouts de chandelle, sur l’entretien des digues. La configuration est ici la même.

Elle est empreinte d’idéologie car elle pose comme principe que le Commandant d’un navire subissant une avarie fera spontanément appel à une société privé de remorquage. Nous savons tous qu’il n’en sera rien car il aura reçu par radio l’ordre de son armateur (installé dans un quelconque paradis fiscal) de poursuivre sa route pour tenir les délais et minimiser les coûts. Laisser aux mécanismes de marché le soin de régler une question aussi fondamentale que celle de la sécurité maritime est un mélange savant de naïveté et d’aveuglement doctrinaire. Sir John Maynard Keynes ne disait-il pas que les marchés sont myopes ? Myopie et sécurité maritime dans le détroit du Pas-de-Calais ne peuvent pas faire bon ménage !

Aussi, Dominique Dupilet, Président du Département du Pas-de-Calais et co-initiateur avec son homologue du Kent du Réseau Européen des détroits en appelle au gouvernement britannique pour qu’il revoit sa position sur le sujet, au gouvernement français pour qu’il intervienne auprès de David Cameron, à José Manuel Barroso, Président de la Commission Européenne et à Maria Damanaki, Commissaire Européenne aux affaires maritimes et à la pêche pour qu’ils se saisissent de la problématique des détroits et de leur sécurité maritime en particulier.